Battri : dix millions pour recycler le lithium-ion

Les véhicules électriques seraient l’avenir de l’industrie automobile. Mais plusieurs problèmes viennent empêcher leur généralisation. Parmi eux : le recyclage des batteries lithium-ion. Les métaux spéciaux qui les composent sont rares et importés, ce qui permet aux pays sources d’exercer une certaine pression sur l’Europe. Une partie du problème pourrait être réglée si les ressources les plus précieuses étaient recyclées et réinjectées dans le circuit de l’industrie automobile, mais les difficultés rencontrées par les industriels rendent la pratique trop rare. C’est ici que Maxime Trèves entre en scène. Afin de créer une économie circulaire vertueuse, il cofonde en 2022 Battri, une start-up spécialisée dans la collecte et surtout le recyclage des batteries lithium-ion en Europe.

Depuis 2022, l’entreprise travaille sur un projet pilote. Celui-ci avait notamment pour but de rassurer les investisseurs en montrant la capacité de Battri à sourcer les batteries et à gagner de l’argent en les recyclant. Battri a fait la démonstration de l’efficacité de son modèle aux investisseurs. Ces derniers ont aussi pu être rassurés par la solidité des profils : Maxime Trèves a évolué dans le monde financier et surtout automobile en France et à l’étranger. Le CEO s’est associé à Patrick Archier, Andrew Moeller et Sébastien Romet, dont les compétences s’avèrent complémentaires. Résultat, Battri réussit à lever 10 millions d’euros lors de deux tours de table en 2022 et en 2024.

Hauts-de-France, terre d'accueil

Avec les fonds, la start-up ouvrira en fin d’année ou début 2025 une usine près d’Arras qui, d’ici à fin 2025, devrait  pouvoir recycler l’équivalent de 80 000 batteries de véhicules électriques par an. Encore une implantation d’industriel spécialisé dans l’automobile dans les Hauts-de-France ? "Il existe une réelle volonté de réindustrialisation à l’échelle nationale, estime Maxime Trèves. Dans les Hauts-de-France en particulier, les élus nous soutiennent aussi beaucoup ; ils sont réceptifs et coopératifs. Surtout, ils nous proposent des solutions concrètes et savent comment créer de l’emploi, en étant créatifs quand il le faut."

La start-up peut recycler à 95 % les batteries et en extraire la fameuse "black mass" (poudre noire) si chère aux yeux des constructeurs

Quelles sont les barrières à l’entrée ? D’abord sourcer les batteries. Les réseaux ne sont pas encore armés pour les récupérer. Une partie des déchets des gigafactories qui fabriquent ces batteries alimenteront aussi les machines. "Les rebuts de fabrication de batteries neuves peuvent représenter jusqu’à 20 % de la production, explique Maxime Trèves. À elles seules, les gigafactories dans les Hauts-de-France produiront 150 000 tonnes de déchets par an. On comprend pourquoi il nous faut nous développer davantage pour répondre à la demande qui est colossale."

Qualité et traçabilité

La start-up peut recycler à 95 % les batteries et en extraire la fameuse "black mass" (poudre noire) si chère aux yeux des constructeurs. Celle-ci sera ensuite revendue à des industriels capables de la raffiner puis remise sur le marché afin de créer de nouvelles batteries. Pour se différencier, Battri entend vendre une black mass de qualité à des prix fixés de manière transparente et offrir à ses acheteurs une traçabilité – qui fait encore beaucoup défaut aujourd’hui. Maxime Trèves insiste également sur sa philosophie en matière de gestion des comptes : "Un euro dépensé, c’est un euro qui doit rapporter." Une approche qui tranche avec les périodes fastes durant lesquelles les start-up ne se préoccupaient pas toujours de rentabilité. Menant certaines à la casse. Battri, elle, espère bien avoir un cycle de vie infini.

Olivia Vignaud