Louis Clément (TapNation) : "Il faut toujours être un bon business partner, proche de l’équipe managériale, et des collaborateurs"
Décideurs. Quel a été votre parcours avant votre arrivée chez TapNation ?
Louis Clément. Je suis Lillois d’origine et après mes études en école de commerce, j’ai intégré PwC où je suis resté pendant six ans en transaction services. J’intervenais sur des opérations de due diligence financière, à l’achat comme à la vente, en France ou à l’étranger et sur tout type de société, des start-up aux groupes côtés. Au total je suis intervenu sur une trentaine de deals. Après ces quelques années, j’ai ressenti le besoin de me rapprocher de l’entreprise. Je viens d’une famille d’entrepreneurs j’ai grandi avec cette culture qui place l’entreprise comme le moteur de l’économie. C’est ainsi qu’en 2020, je suis arrivé chez 2CFinance, un cabinet de conseil en direction financière. J’occupais un poste de DAF à temps partagé pour une dizaine de start-up. Mon intervention consistait à les épauler sur un périmètre très vaste. Ce fut une expérience intense et stimulante, j’ai aimé cette variété et cette proximité avec les porteurs de projets. TapNation figurait parmi eux.
À cette époque, vous travailliez pour plusieurs sociétés, pourquoi avoir choisi de rejoindre TapNation ?
Sur le papier, je n’aurais pas été instinctivement vers le secteur des jeux vidéo, j’ai découvert le dynamisme du marché quand j’ai commencé à intervenir chez eux fin 2020, J’avais été impressionné par ce qu’avaient construit les équipes en si peu de temps et ce, quasiment sans financement. J’aimais l’ADN de l’entreprise et la vision du dirigeant, Hervé Montoute, un serial entrepreneur dans les TMT. La société vivait une problématique d’hypercroissance et avait besoin d’un CFO à temps plein, j’ai fini par la rejoindre en 2021. Depuis, nous avons levé 15 millions d’euros et atteint 50 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023, tout en étant rentable. Nous avons été désignés "Champion de la croissance" par Les Échos en 2024 avec un taux de croissance annuel moyen de 304 % entre 2019 et 2022.
Quel est votre meilleur souvenir ?
Lorsque nous avons acheté un jeu au Vietnam. Nous avons fait face à toutes les problématiques d’un deal cross border : barrière culturelle et linguistique, sécurité du paiement, partage d’information. Notre interlocuteur ne parlait pas bien anglais, cela créait de la méfiance notamment sur la transmission de données malgré trois mois d’échanges. Nous avons dû partir dix jours sur place avec trois autres membres de l’équipe pour auditer le jeu et apprendre à se connaître. Nous nous sommes finalement mis d’accord sur le prix, les aspects contractuels et le paiement, les principales sources de désaccord. Ce fut un bel aperçu de l’importance de l’aspect humain dans les deals M&A.
"Il n’y a pas de bon CFO, il y a un bon CFO selon les besoins de l’entreprise. "
Et le plus grand défi de votre carrière ?
Quand on passe du conseil au métier de DAF, les problématiques ne sont pas les mêmes. La transition peut être rude, notamment si l’on aime maîtriser l’ensemble de la chaîne de valeur, ce qui est moins facile lorsqu’on est davantage dans l’opérationnel.
Qu’est-ce qu’un bon CFO ?
Il n’y a pas de bon CFO, il y a un bon CFO selon les besoins de l’entreprise. Une société qui doit gérer 1 000 personnes avec des process complexes ou une autre en hypercroissance avec des problématiques de financement ne requièrent pas les mêmes profils de direction financière. Néanmoins, Il faut toujours être un bon business partner, proche de l’équipe managériale et des collaborateurs.
Quel aspect entrepreneurial trouvez-vous dans le métier de CFO ?
La dimension entrepreneuriale du métier nourrit ma curiosité. Le DAF doit comprendre ce que font les autres, aussi bien dans la direction financière que dans le reste de la société. Un DAF ne doit pas rester dans son coin. Or, pour être entrepreneur il faut toujours s’adapter et chercher à comprendre pour trouver des solutions et communiquer avec toutes les parties prenantes de l’écosystème de l’entreprise.
🔎 Parcours
- 1990 : naissance à Lille dans une famille d’entrepreneurs du nord de la France
- 2014 : diplômé de Kedge Business School Master Finance et Entrepreneuriat
- 2014-2019 : passe six ans chez PwC Deals, en tant qu’analyste financier puis Manager en transaction services
- 2020 : rejoint le cabinet 2CFinance, en tant que DAF à temps partagé et accompagne une dizaine de sociétés
- 2021 : devient CFO de TapNation
Propos recueillis par Céline Toni