Laura Chouzy (Safran.AI): "Je sentais que la société avait le potentiel pour devenir une référence mondiale"
Décideurs. Comment êtes-vous arrivée à la direction financière de Preligens ?
Laura Chouzy. Après mon master à l’Edhec, j’ai intégré PwC en transaction services. J’y ai passé quatre années dont six mois à Madrid. À mon retour d’Espagne, j’aspirais à la nouveauté. Le directeur financier de Coorpacademy, une start-up dans l’éducation, m’a alors contactée en me proposant de rejoindre son équipe. Il était plus senior que moi et m’a beaucoup appris au cours de cette collaboration. Il a quitté son poste au bout d’un an et le board m’a alors fait confiance pour prendre son relais à la tête de la direction financière. Ce fut mon premier post de DAF. Au bout de quatre ans, la société n’avait pas changé d’échelle. J’avais oeuvré à l’automatisation de nombreux process, mais il me fallait relever un nouveau défi. J’ai alors postulé chez Sarfan.AI (à l'époque Preligens. Ndlr) à l’occasion de la création du poste de CFO et j’ai rejoint la société en juin 2021. La start-up avait déjà atteint un degré de maturité avec un effectif de plus de 100 salariés et il fallait structurer la direction financière et recruter une équipe dédiée. Aujourd’hui, j’ai trois casquettes : la comptabilité-contrôle de gestion, les achats et FP&A (planification et analyse financière).
Vous avez quitté une start-up pour une autre, quel lien faites-vous entre ces deux postes de CFO ?
Je sentais que Préligens avait le potentiel pour devenir une référence mondiale. Le produit, les solutions d’IA à destination des services de renseignement et de la défense, sortent de la norme. Les équipes d’ingénieurs sont brillantes et poussent à l’état de l’art en combinant une excellence technologique de niveau mondial. Aussi, je quittais une start-up spécialisée dans la formation et l’éducation, pour le secteur de la défense. Deux domaines d’activité qui ont une dimension régalienne, or j’avais envie de rester dans un service que je considère comme essentiel. J’ai aussi eu un excellent " feeling " avec les fondateurs. Ils m’ont donné envie de les rejoindre. J’ai tout de suite compris que j’allais beaucoup apprendre d’eux, en plus de pouvoir recruter une équipe.
"Je suis vraiment fière et heureuse de l’équipe que j’ai construite"
De quoi êtes-vous le plus fière dans votre carrière ?
La sortie de Preligens à l’occasion du rachat par Safran a été un marathon. Nous avons été valorisés à plus de 220 millions d’euros alors qu’un rachat de ce montant, sur un secteur régalien particulièrement encadré comme la défense, est un processus long et complexe. Cette opération restera un très beau souvenir. Elle marque le début d’une belle aventure industrielle pour une start-up comme la nôtre. Aussi, je suis vraiment fière et heureuse de l’équipe que j’ai construite. J’investis beaucoup d’énergie pour les accompagner. Le département ne tournerait pas sans eux.
"Le CFO doit savoir embarquer les gens et inspirer confiance"
Comment voyez-vous évoluer la fonction de DAF ?
J’ai l’intuition que le DAF de demain sera peut-être moins bon en Excel, en revanche, sa valeur reposera davantage sur ses capacités relationnelles car il sera de plus en plus exposé dans l’entreprise. La fonction aura vocation à l’amener à communiquer avec toutes les directions. À ce titre, le CFO doit savoir embarquer les gens et inspirer confiance, notamment celle du CEO, avec qui il doit fonctionner en binôme. Le CFO est à la croisée de toutes les fonctions de la société. Il dispose d’un prisme d’analyse à travers la finance, qui lui permettra toujours d’aider à prendre les meilleures décisions.
🔎Parcours
- 2012 : diplômée de l’Edhec
- 2013 : intègre PwC en transaction services d’abord en France, puis en Espagne
- 2017 : de retour en France, elle rejoint la direction financière de Coorpacademy et devient CFO
- 2021 : arrivée chez Safran.AI d’abord en tant qu’head of finance
- 2023 : devient CFO de Safran.AI
Propos recueillis par Céline Toni