De la bande dessinée, de la politique, des récits qui font rêver : voici les quatre ouvrages du mois sélectionnés par la Rédaction.
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En embuscade

Un Iznogood qui veut être calife à la place du calife ou un homme fidèle ? Qui est vraiment Édouard Philippe ? Quels plans échafaude l’ancien premier ministre retranché dans sa mairie du Havre ? Difficile de le savoir puisqu’il oscille entre soutien au gouvernement et « cartes postales » laissant entendre qu’il se voit un destin national. Le journaliste Tugdual Denis s’est rendu à plusieurs reprises dans la ville portuaire pour rencontrer le barbu le plus célèbre de France lancé dans une opération séduction plus ou moins affirmée. L’auteur qui est parvenu à briser la glace a également interrogé ses proches pour y voir plus clair. Verdict : on (re)découvre un homme d’État au sang-froid, un humaniste ancré dans un territoire, un amoureux de la France et de ses traditions. Mais un politicien tout de même puisque, derrière le style léché de l’ouvrage, on devine entre les lignes qu’Édouard Philippe rêve de replonger dans l’arène. A priori en 2027…

La vérité sur Édouard Philippe, de Tugdual Denis, Robert Laffont, 252 pages, 19 euros

Les racines du mal

Des commanditaires cachés à Raqqa, des exécutants circulant entre la Syrie et l’Europe, de faux migrants syriens infiltrés sur le Vieux Continent, des planques d’armes, des complices, de jeunes radicalisés soumis à une propagande intensive, des services de sécurité occidentaux tantôt réactifs, tantôt dépassés voire naïfs… Derrière les attentats du 13 novembre 2015 sont enchevêtrés des lieux (Molenbeek, Verviers, Paris, Cologne, Athènes…), des noms (Abdelhamid Abaaoud, Bilal Chatra, Mohamed Abrini, Foued Mohamed-Aggad, Salah Abdeslam…). Dans cet album qui oscille entre bande dessinée et roman graphique, les auteurs retracent la mécanique implacable qui a conduit au drame. Un travail salutaire qui permet de mieux comprendre le long procès qui se déroule actuellement.

La Cellule. Enquête sur les attentats du 13 novembre 2015, de Soren Seelow, Kévin Jackson et Nicolas Otero, Les Arènes BD, 237 pages, 24,90 euros

Mon tonton

Entrer dans une famille, essayer d’en comprendre le fonctionnement, l’histoire à travers la découverte d’un oncle. Un personnage atypique, à l’hygiène plus que douteuse et dont les manières prêteraient à sourire si elles n’étaient souvent éprouvantes pour ses proches. Cet oncle se laisse peu à peu entrevoir sous l’œil et la plume de la narratrice, une jeune traductrice de notices d’aliments pour animaux. La nièce évoque des pans de vie de cette famille, à la fois si ordinaire mais parfois bien trop hors normes pour répondre à une quelconque identification. De quoi piquer au vif la curiosité d’un lecteur qui parcourt ce premier roman de Rebecca Gisler, une œuvre ni tout à fait loufoque ni vraiment classique mais qui se lit d’une traite.

D’oncle, de Rebecca Gisler, Verdier, 128 pages, 15 euros

George Sand, féministe avant l’heure

Oser divorcer de son mari, fumer comme un pompier, vivre de sa plume, s’habiller en homme, s’engager en politique, collectionner les amants (dont certains célèbres tels que Chopin, Mérimée ou Musset). Pas de doute, la vie de George Sand détonne et accompagne les grands événements du XIXe siècle, de la chute de Napoléon Ier à la Restauration en passant par le Second Empire puis l’avènement de la Ve République. Un destin qui est un terrain de jeu idéal dans lequel s’épanouissent Séverine Vidal et Kim Consigny qui font découvrir au grand public une héroïne féministe trop peu mise en avant. Partez à la découverte de cette volumineuse bande dessinée en noir et blanc qui met en bulles certaines scènes, Delacroix, Chopin et Sand travaillant sous le même toit. Si un producteur de série cherche un sujet, qu’il fonce !

George Sand, fille du siècle, de Séverine Vidal et Kim Consigny, Delcourt, 333 pages, 24,95 euros

Lucas Jakubowicz, Olivia Vignaud

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