Pour bien débuter un mois de février sous couvre-feu, voici quelques livres qui vous permettront d’aérer et d’ouvrir votre esprit. Au menu : BD, sport, science-fiction et roman.
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Big Brother mis en bulles

Dans le petit milieu de la BD, 1984 semble être à la mode. Après Sarbacane, Grasset et Soleil, les éditions du Rocher succombent, elles aussi, au charme de George Orwell et proposent une adaptation graphique de l’œuvre. Et le verdict est sans appel : mention très bien. Textes et dessins font ressortir à la perfection le Londres totalitaire, l’omniprésence de la peur ainsi que l’état de fatigue, de haine et d’oppression de la population. Mais aussi les dernières lueurs d’espoir qui s’éteignent peu à peu. La reconstitution des bâtiments administratifs et des affiches de propagande valent le détour. Ce roman graphique a tout pour ravir ceux qui connaissent 1984, mais aussi ceux qui ne l’ont pas lu..

1984, Sybille Titeux de la Croix et Amazing Ameziane, Éditions du Rocher, 220 pages, 19,90 euros

Un autre football

Derrière les stars, le strass et les paillettes, il existe un football peu connu : celui des « petites sélections » et de leurs joueurs au parcours cabossé. Le journaliste Romain Molina est parti à leur rencontre. Prof de maths danois devenu international pakistanais, talents cubains en exil, fils de réfugié cambodgien né dans le 93 devenu star au pays khmer, Irakiens emprisonnés après une défaite, Yéménites contraints de jouer en pleine guerre civile… Tous se confient sur leur vie et leurs rêves. Dans leurs propos, la petite histoire se mêle à la grande. Cet ouvrage qui oscille entre fresque romanesque, ballon rond et géopolitique n’est pas réservé qu’aux amateurs de sport.

The Beautiful Game, Foot, guerres et politique, Romain Molina, Exuvie, 248 pages, 18,50 euros

New York sous les eaux

Nous sommes en 2140. Sous l’effet du réchauffement climatique, le niveau des mers s’est élevé et New York est depuis soixante ans une ville à moitié inondée. Les bateaux remplacent les voitures, les dirigeables prennent la place des avions, les réfugiés climatiques affluent. Mais New York reste immuable, avec ses hommes d’affaires sans scrupules, ses traders ambitieux, ses flics buveurs de café, ses stars de la télé et ses enfants des rues. Ces personnages qui se côtoient puis se rencontrent vont devoir s’allier pour affronter une menace. Laquelle ? Réponse dans ce roman, enfin traduit en français, de Kim Stanley Robinson, grand maître de l’uchronie et de la science-fiction. Si nous sommes loin de la maestria des Chroniques des années noires, le livre a le mérite d’être plus grand public car semblable à un thriller hollywoodien. Même si le démarrage est un peu long

New York 2140, Kim Stanley Robinson, Bragelonne, 672 pages, 25 euros

Conte pour adultes

Maeve et Danny Conroy grandissent dans une imposante maison de la banlieue de Philadelphie. À l’intérieur de cette somptueuse bâtisse trône l’imposant portrait des époux VanHoebeek – ses premiers propriétaires – qui voient défiler, sous leurs yeux figés par l’huile, la vie des occupants actuels. Le roman commence alors que la première femme de Monsieur Conroy a quitté, depuis quelques années déjà, cette maison qu’elle ne supportait pas et autour de laquelle, la nouvelle épouse de Cyril, Andrea va, au contraire, tisser sa toile. Un bâtiment chargé d’histoire dans lequel s’isole une famille, grandissent des enfants quasi orphelins et voit s’épanouir une marâtre des temps modernes… Le récit d’Ann Patchett prend l’allure d’un conte et la maison des Hollandais qu’elle dépeint devient l’incarnation des douleurs du passé et des lieux de l’enfance qui hantent chacun à vie.

La Maison des Hollandais, Ann Patchett, Actes Sud, 320 pages, 22,50 euros

Lucas Jakubowicz, Olivia Vignaud

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