Automne et confinement. Voici un contexte idéal pour lire davantage. Voici quelques ouvrages qui permettent de passer un bon moment. N’oubliez pas qu’il est toujours possible de passer par les librairies grâce aux réservations téléphoniques ou en ligne.
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L’Arabe du futur est enfin là

Enfin. Le tome 5 de l’Arabe du futur de Riad Sattouf est sorti ce 5 novembre. Une date à marquer d’une pierre blanche, puisqu’il s’agit probablement d’une des meilleures séries de la bande dessinée contemporaine. Certes, le dessin ne paie pas de mine, mais le scénario de la saga tient en haleine. Pourtant, il s’agit de l’histoire, à peine romancée, de l’enfance et l’adolescence de l’auteur. Un franco-syrien élevé entre campagne arabe et Bretagne. Une vie ballotée entre le Coran et Conan le barbare. Hélas, chez les Sattouf plus le temps passe, plus le métissage est délicat.

C'est avec plaisir que l'on retrouve Riad à l’âge de 14 et 15 ans. Des années difficiles puisque son père s’est enfui en Syrie enlevant son frère Fadi, laissant l’auteur seul avec sa mère et son autre frère Yahia. Poursuite judiciaire, dépression de la mère : l’adolescent doit peu à peu commencer à jouer le rôle d’homme de la maison… Pourtant, il reste un adolescent comme les autres qui rêve de filles, découvre Kurt Cobain, commence à se rêver dessinateur. Cette période délicate est brossée avec pudeur et émotion. C’est avec impatience que l’on attend le sixième et dernier tome de la saga. Avec cette série, l’auteur des carnets d’Esther ou du cultissime Pascal Brutal confirme sa place à la table des grands noms du neuvième art francophone.

L’Arabe du futur, tome 5, de Riad Sattouf, Allary Editions, 176 pages, 22,30 euros.

La confrontation

C’est l’histoire d’un accident de montagne. La chute mortelle d’un randonneur suivie de la vaine tentative d’un autre, inconnu, de le secourir en donnant l’alerte. Si ce n’est que l’inconnu n’en est pas un mais celui qui, des années plus tôt, a connu la prison à la suite du témoignage de la victime – un ancien camarade ayant acheté sa liberté en coopérant avec la justice. Dès lors, deux scénarios s’affrontent : celui de "l’extraordinaire coïncidence" défendu par l’homme, et celui du crime soutenu par celui qui l’accuse. Dans Impossible, son nouveau roman au style épuré et à la narration implacable, Erri De Luca livre le récit de cette confrontation et de la relation inattendue qui, à travers elle, se tisse peu à peu entre l’accusé– dont le passé d’ancien révolutionnaire se dessine par bribes – et le magistrat. Un échange intimiste, proche de l’introspection, dans lequel chacun interroge les motivations de l’autre et qui, peu à peu, devient le prétexte à un questionnement plus vaste : sur le sens de la loyauté et celui de la vengeance, sur la beauté de l’inutile et celle de l’engagement, sur la solitude, l’amour et tout ce qui gravite autour. Sobre et prenant.

Impossible, d’Erri De Luca, éditions Gallimard, 172 pages, 16,50 euros

Intelligence mesurée

Albert Einstein avait demandé à être incinéré afin que personne ne puisse idolâtrer ses ossements. Pourtant, à sa mort en 1955, le pathologiste Thomas Stoltz Harvey, du Princeton Hospital, prélève son cerveau afin de l’étudier. Dans sa nouvelle BD, Pierre-Henry Gomont réécrit l’histoire. Celle d’un médecin, à l’intelligence toute relative, qui fuit avec l’organe sacré de l’éminent professeur. Ce récit, au rythme effréné, est entrecoupéd’arrêts sur images – pauvres mais drôles – de ce qui se passe dans la caboche d’un Stoltz Harvey dépassé par les événements. Et des réflexions d’un Einstein qui, bien que décédé, participe à cette course folle et se trouve presque déçu que son cerveau ne pèse que 1,23 kilo, soit moins que la moyenne du reste de l’humanité. Une histoire rocambolesque qui fait du bien.

La fuite du cerveau, de Pierre-Henry Gomont, Dargaud, 25 euros, 192 pages

Marion et ses groupies

Malgré sa faible expérience politique et son jeune âge, Marion Maréchal est vue par certains comme le porte-étendard d’un conservatisme à la française, éclaté en plusieurs chapelles. Si la nièce de la patronne du RN suscite bien des spéculations, qui est-elle vraiment ? Louis Haushalter, journaliste à Marianne, a mené une enquête qui dresse un panorama complet de celle qui a (momentanément ?) quitté la scène. De son enfance où son patronyme Le Pen, désormais abandonné, lui a valu bien des brimades, à son présent de directrice d’école, on découvre une jeune femme colérique, intellectuelle et travailleuse. Point intéressant, l’ouvrage donne longuement la parole à son entourage 99 % masculin : catholiques identitaires, pygmalions de pacotille, communicants illuminés qui tentent d’organiser un hypothétique retour. Avec un tel attelage, a priori, le danger agité par certains n’est pas près d’avoir lieu.

Marion Maréchal, le fantasme de la droite, de Louis Hausalter, éditions du Rocher, 273 pages, 16,90 euros

Lucas Jakubowicz, Caroline Castets, Olivia Vignaud

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