Fondé par Laura Perrard en 2014, le salon du luxe, réunit chaque année au mois de juin, les acteurs français et internationaux du secteur autour de trois valeurs : « l’excellence, l’exception et l’émotion ».

Décideurs. L’événement met à l'honneur les nouveaux visages du luxe. Quels sont-ils, selon-vous ?

Laura Perrard. Dédier cette édition 2018 aux nouveaux visages du luxe nous semblait être une évidence, car ce secteur est en pleine mutation. Une réalité qui bouleverse ses liens avec toutes ses parties prenantes. L’internationalisation croissante, la montée du marché de l’occasion, l’utilisation de la data, les réflexions autour de la blockchain ou encore l’intégration de l’intelligence artificielle sont autant de sujets traités à l’occasion du salon. De même, les attentes propres aux millennials et à la « génération Z » transforment la relation qu’entretiennent les maisons avec ces nouveaux consommateurs. De nouvelles marques, des collectifs et des labels sortent aussi du lot, portés par des profils plus atypiques les uns que les autres. Ces entrepreneurs d’un nouveau genre et ces consommateurs toujours plus exigeants ont un rapport au luxe qui évolue.

« Les maisons doivent justement évoluer en fonction des besoins des nouveaux consommateurs »

Quels sont aujourd’hui les principaux enjeux pour les acteurs du luxe ?

Les maisons doivent justement évoluer en fonction des besoins des nouveaux consommateurs, que ce soit en matière d’omnicanalité, de mobilité, d’utilité, d’innovation, d’expériences, de pertinence retail, d’ultra-personnalisation… Aujourd’hui, il ne s’agit pas de créer une expérience standardisée mais de personnaliser l’offre pour chaque client pour entretenir une relation fluide et individualisée. Autant de challenges au service d’histoires de marques solides et différenciantes dans un univers de plus en plus concurrentiel.

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Comment expliquer que le secteur du luxe résiste mieux que d'autres face à la crise ?

Les maisons de luxe ont su maintenir une désirabilité forte, notamment à l’international. Elles continuent d’émerveiller et de faire rêver. Aujourd’hui, les Chinois représentent 32 % du marché du luxe. La Chine et Hongkong constituent par exemple le premier marché pour l’exportation de l’horlogerie de prestige suisse. Ils sont suivis par les États-Unis. Ce rayonnement international va de pair avec la montée en puissance du digital et principalement du e-commerce qui va offrir de plus en plus d’opportunités dans les prochaines années, en Asie notamment. Les univers des marques sont également encore hautement aspiratifs. Celles-ci sont généralement portées par des directeurs artistiques emblématiques et des influenceurs puissants sur lesquels les sociétés investissent.

« Il nous faut capitaliser sur nos techniques d’exception »

La France est réputée pour être une référence mondiale en matière de luxe, est-ce toujours le cas ?

Oui. La France bénéficie d’une aura unique au monde. Nous sommes une terre de traditions et de savoir-faire inégalés. Si de nombreuses - et nécessaires - initiatives sont aujourd’hui déployées pour porter l’innovation technologique, il est tout aussi indispensable de soutenir les artisans qui font notre renommée, d’autant plus que les deux sont hautement compatibles. Sur un marché international challengé par de nouveaux acteurs, notamment en provenance d’Asie, il nous faut capitaliser sur nos techniques d’exception. Nos métiers d’art sont en pleine évolution, notamment grâce aux nouveaux artisans, ces jeunes qui, après de hautes études, se réorientent vers des professions manuelles. Ces hommes et ces femmes font eux aussi partie de ces nouveaux visages du luxe qui s’appliquent à faire perdurer l’exception française.

 

Propos recueillis par Capucine Coquand

@CapucineCoquand

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