Depuis plusieurs années déjà, le milieu de la gestion de patrimoine est bousculé par le phénomène croissant de concentration d’acteurs de la place. Redéfinissant les règles de leur propre jeu, ces groupes évoluent aux côtés de cabinets ayant un business model différenciant, comme Honoré Gestion Privée, pour qui l’indépendance est essentielle.
Honoré Gestion Privée "Notre philosophie est d’être et de rester totalement indépendants"
Décideurs. Quel regard portez- vous sur les évolutions du marché de la gestion de patrimoine ces dernières années ? Christophe Lacroix. Le marché se porte plutôt bien, la conquête des clients patrimoniaux est en plein développement et les encours augmentent. Cependant, le secteur connaît un durcissement réglementaire venant compliquer notre exercice, d’une part dans la relation client mais également dans la gestion même des cabinets de CGP. À l’instar du régulateur, le niveau d’exigence des épargnants est grandissant en termes de service, d’innovation, de compétences et d’interprofessionnalité.
Comment vivez-vous ce durcissement réglementaire ? C. L. Nous nous sommes adaptés en créant un outil numérique, MustCompliance. C’est un logiciel intelligent, régi par l’équipe conformité qui nous permet de sécuriser notre démarche et de gagner du temps pour le mettre au profit du conseil apporté à nos clients.
La concentration est la tendance qui ressort le plus depuis quelque temps, qu’en pensez-vous ? C. L. Quelques gros acteurs avec une présence capitalistique de fonds d’investissement grossissent à vue d’oeil, avec des opérations de croissance externe presque toutes les semaines.
Comment Honoré GP Privée tiret- il son épingle du jeu face à ses concurrents ? Fabien Cabezon. Notre philosophie est d’être et de rester totalement indépendants. À ce titre, nous avons souhaité concilier le meilleur des deux mondes en nous rapprochant d’Incomon, où les compétences et connaissances sont mises en commun, en plus de certains produits. Cela permet de développer des synergies entre entreprises, dans l’intérêt de nos clients respectifs.
Où se place la proximité client dans l’exercice de votre métier ? F. C. Nous collaborons avec une clientèle haut de gamme sur des problématiques qui nécessitent de travailler main dans la main avec d’autres professionnels (notaires, avocats, experts-comptables, etc.), ce qui ne peut pas exclusivement se gérer à distance. Notre clientèle attend de nous plus qu’un service en ligne ; la proximité client se fait naturellement grâce à notre business model.
Quelles sont les évolutions notables du cabinet depuis sa création ? F. C. Cyrille nous a rejoints, d’abord en tant que mandataire, puis en tant qu’associé au cabinet. De nouveaux collaborateurs ont intégré l’équipe avec l’idée que chaque profil apporte son bloc de compétences au service de nos clients.
Vous avez lancé MustCompliance, quels sont vos prochains projets ? C. L. Nous avons réalisé une première levée de fonds en fin d’année 2023, ce qui va nous permettre de poursuivre le développement de MustCompliance, notamment sur les volets commercial et technique.
Comment se dessinent les cinq prochaines années pour Honoré Gestion Privée ? F. C. Notre premier moteur de croissance est le recrutement de nouveaux profils, bien que nous ne soyons pas fermés à une opération de croissance externe. Aujourd’hui, nous travaillons à la structuration et la professionnalisation de notre offre « multi-family office » avec la volonté de créer une structure indépendante, tant sur le business model qu’au niveau capitalistique. Nous pensons que cela permettra de compléter notre offre actuelle pour la clientèle plus haut de gamme du cabinet.
Après une année 2023 où l’obligataire était roi, sur quelles thématiques allez-vous miser cette année ? Cyrille Gerbert Le private equity se démocratise de plus en plus au sein des allocations d’actifs. Il représente déjà entre 15 % et 20 % pour notre clientèle HNWI. Des solutions innovantes nous permettent d’accéder aux portefeuilles institutionnels des plus grands gérants du secteur. Côté marchés, la visibilité est sensiblement meilleure que l’année passée, que ce soit sur l’inflation, l’émergence de récessions, ou encore la politique des banques centrales. Nous allons repondérer les actions au sein des portefeuilles, sans pour autant alléger les obligations IG des allocations globales.
Quels sont les secteurs d’activité porteurs cette année ? C. G. Les principaux thèmes restent l’intelligence artificielle et la santé/biotech qui devraient profiter de nombreuses innovations et du contexte de baisse des taux. En parallèle, le secteur des small & midcaps revient dans notre allocation d’actifs. Celui-ci sous-performe le marché des bigcaps depuis 2022 et offre aujourd’hui des points d’entrée intéressants. Nous observons actuellement une asymétrie risque/ rendement qui ne peut être ignorée, offrant ainsi au secteur des perspectives intéressantes.
Comment gérez-vous l’instabilité des marchés ? C. G. Nous attendons encore des pics de volatilité ponctuels sur les marchés, notamment du fait de la situation géopolitique mondiale et des nombreuses élections dans le monde, et particulièrement aux États-Unis. Dans ce contexte, nous restons réactifs sur les portefeuilles de nos clients, tout en intégrant un maximum de diversification. De plus, l’intégration des produits structurés nous permet de décorréler l’exposition de nos clients aux marchés, tout en construisant des allocations sur mesure.
Propos recueillis par Marine Fleury