Damien Delmotte est directeur général du groupe BTL, qui se démarque par son approche fine et ancrée dans la réalité sectorielle de ses clients, et dans les aspects interculturels qui façonnent une langue et aident à son appropriation. Un travail pédagogique haut de gamme, qu’il nous détaille dans cet entretien.

 

Décideurs. Le groupe BTL se distingue par une approche "premium" de l’apprentissage linguistique et pour une garantie d’apprentissage effectif : pouvez-vous décrire le dispositif pédagogique que vous déployez pour accompagner et servir au mieux vos clients ?

Damien Delmotte. Notre travail se découpe en trois parties essentielles, en amont, pendant et en aval de la formation.

Sur l’amont, nous faisons avec nos clients des points annuels pour identifier et mettre à jour les attentes, objectifs et contextes, qui peuvent changer selon la stratégie des entreprises, afin d’être au plus près de leur réalité et de leurs besoins. Avant toute session de formation, nous auditons individuellement chaque apprenant en lui soumettant un test, écrit et oral, puis en analysant ses besoins, au regard de ses objectifs, que nous affinons ensemble. Nous préconisons, à la suite de ces deux phases, des dispositifs adaptés à chaque individu pour atteindre les objectifs visés, en travaillant la durée, les supports pédagogiques et l’orientation à adopter. Tout cela prend la forme d’un rapport d’évaluation, à la manière d’un brief détaillé. Un chargé de clientèle unique, attitré au client, attribue un formateur selon les enjeux d’apprentissage et le secteur du client, et planifie le déroulé de l’apprentissage avec lui.

Qu’en est-il de la pédagogie, aussi bien pendant qu’après l’action de formation ?

La pédagogie se veut communicative et contextualisée : il s’agit d’en assurer la fluidité, et de la lier toujours au contexte professionnel, en allant jusqu’aux tâches quotidiennes des apprenants dans leur métier. Par conséquent, nos supports sont toujours très concrets car ils sont sur mesure, flexibles et modifiables en fonction des besoins et des progressions de chacun : si un jour, un apprenant a besoin d’écrire un courrier en langue étrangère, ce sera un focus le temps de la session.

Par ailleurs, les modalités d’apprentissage font l’objet d’un travail approfondi, et nous mettons en œuvre des outils allant du cours particulier ou collectif (présentiel ou distanciel), du e-learning, etc., selon la demande du client et le besoin réel de l’apprenant. Grâce au suivi à chaque étape de notre équipe pédagogique, nous pouvons percevoir quand le distanciel atteint ses limites : si nous constatons un décrochage en e-learning, nous proposons des substitutions adaptées aux apprenants pour éviter tout blocage. Pour les cours collectifs, nous veillons à ce que les conditions soient idéales : des groupes de niveau homogènes, avec un maximum de cinq apprenants. 

Pour un apprentissage optimal, il faut également une unité d’intervention : cela garantit un suivi réel des progrès sur l’intégralité des formations. C’est donc ce que nous faisons, et les résultats sont probants.

"L’idée est d’être capable de transmettre les vrais jargons et codes, sans s’en tenir à une simple traduction des termes appris"

Chaque formateur chez nous est natif de la langue qu’il enseigne, diplômé dans l’enseignement de cette langue et – ce qui est plus rare – a toujours un background professionnel dans un secteur correspondant à ceux de nos clients, ce qui nous permet d’aller loin dans le matching : concrètement, un formateur ayant une expérience en finance sera toujours désigné pour un apprenant travaillant dans la finance. L’idée est d’être capable de transmettre les vrais jargons et codes, sans s’en tenir à une simple traduction des termes appris.

Vous parliez également du suivi : qui pilote la pédagogie ?

Pour assurer cette approche premium, notre équipe de coordination pédagogique veille au respect de l’ensemble de la pédagogie et recueille et analyse les questionnaires de satisfaction, ce qui constitue un outil important pour être parfaitement qualitatif. Cette équipe assure également la transmission des briefings, et le suivi régulier des formateurs et des apprenants.

Comment est-ce que cette approche favorise, concrètement, l’apprentissage ? Et comment le mesurez-vous ?

Nous impliquons les apprenants dans l’élaboration de leur cours, et ce d’entrée de jeu. La grammaire est conçue comme un outil de communication : nous la faisons vivre en proposant des mises en situation sur des cas réels et favorisons ainsi la participation active des apprenants, immergés dans des scénarios qui correspondent à leur réalité.

En matière de mesure, nous procédons à des tests pendant les cours et à des quiz en ligne, afin de valider chaque étape de l’apprentissage. Nous sommes attentifs à ce que ces tests soient agréables et non sanctionnants : les apprenants sont des professionnels, et ne doivent pas être coupés dans leur élan. Ensuite, chacun reçoit un rapport d’évaluation finale rédigé par son formateur, qui comprend son niveau final, les détails sur les compétences linguistiques acquises. Le cas échéant, nous recommandons une suite de formation pour atteindre les objectifs.

Outre les équipes, vous formez aussi les hauts postes pour des présentations orales et écrites. Quelle est la méthode spécifique que vous utilisez pour ces publics qui ont peu de temps et de très fortes exigences ?

Ces missions relèvent plutôt du coaching et de la haute couture, compte tenu de leur singularité ! Pour ce type de prestation, nous avons des formateurs experts parfaitement rodés à ces profils de haut niveau, qui sont également disponibles à des créneaux horaires adaptés aux emplois du temps surchargés de ces clients (tôt le matin, tard le soir).

"Nous avons formé un député français qui a pris la parole devant le Parlement espagnol et son intervention s’est soldée par une standing ovation"

Nous choisissons chaque formateur avec un soin particulier, selon son profil et son secteur, pour atteindre un matching idéal. Tout se fonde sur la relation de confiance établie entre les deux. Quant au contenu, il est 100 % sur mesure, et se fonde directement sur la présentation de l’apprenant, pour le perfectionner sur le plan linguistique et parvenir à une finesse qui dépasse le seul vocabulaire : il s’agit de choisir les mots-clés adaptés au public, les intercalaires, le registre de langage, les mots d’esprit éventuels, dans le respect de la culture du public cible. On ne présente pas de la même manière à un public anglais ou américain.

Pouvez-vous donner des exemples ?

Récemment, nous avons par exemple formé un député français qui a pris la parole devant le Parlement espagnol et son intervention s’est soldée par une standing ovation ! Nous avons aussi accompagné la fondatrice d’un cabinet d’architecture qui devait participer à une conférence internationale sur les constructions bois, ce qui a été un succès. Nous avons également coaché l’équipe commerciale d’une grande compagnie d’assurance qui devait répondre à un appel d’offre international, ce qui nous a amenés à vérifier que le cahier des charges était compris, à corriger la réponse, l’adapter puis à préparer les commerciaux au pitch. Une fois de plus, cette mission a été une réussite !

Vous développez des programmes sur l’interculturalité : de quels besoins partent-ils et comment se traduisent-ils ?

Nous avons constaté que nos clients accueillaient des collaborateurs étrangers, en envoyaient d’autres en expatriation, ou étaient amenés à énormément travailler avec l’étranger. Or dans tous ces cas, comme je le disais avant, la langue est nécessaire mais ne fait pas tout : les intégrations peuvent être difficiles, faute de codes culturels, et tout cela se prépare, doit faire l’objet d’une transmission. Nous faisons donc ces formations dans la langue d’origine des apprenants, pour transmettre tous les aspects les plus subtils qui favorisent la fluidité des rapports humains et professionnels, afin d’éviter tout malentendu lié à une barrière linguistique. Par exemple, en début de réunion, il n’est pas rare que les Américains parlent de leur chien ou de leur famille. Il s’agit de s’y adapter et de le comprendre pour entrer véritablement en relation.

Et lorsque des personnes arrivent en France, nous formons aussi leurs conjoints et enfants au français et aux usages, jusqu’à comprendre comment s’autonomiser, comment s’ouvrir à la culture française, ce qui représente un dispositif d’accueil considérable, facilitant largement des expatriations familiales.

Vous avez récemment fusionné avec Quai d’Orsay : que vous a apporté cette croissance externe en matière de pédagogie et de positionnement ?

La fusion avec Quai d’Orsay a encore diversifié et enrichi nos compétences et contenus pédagogiques, et a permis un partage de meilleures pratiques qui rend nos méthodes d’enseignement toujours plus innovantes. Cela a aussi renforcé notre positionnement stratégique sur le marché. Nous intervenons maintenant autant dans les secteurs de l’industrie que des assurances, des banques et de l’administration publique. Cette fusion nous a fait atteindre une taille et un volume d’activité qui nous permet d’avoir des ressources et des capacités pour investir et développer de nouvelles formations et outils novateurs.

Entretien avec Damien Delmotte, directeur général, Groupe BTL

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