Free a annoncé mardi 14 mars supprimer les frais d’itinérance de ses forfaits dans plus de trente-cinq pays. Une manière d’anticiper leur fin programmée par Bruxelles et de marquer la différence avec ses concurrents.

« Elle ne devrait pas plaire à mes concurrents », avait glissé le 7 mars le patron d’Iliade à ses analystes à propos d’une nouvelle offre mobile. Il n’en fallait pas plus pour braquer toute l’attention des médias, des experts, des concurrents et des utilisateurs sur lui. Certains attendaient une nouvelle révolution de l’opérateur mobile, qui compte aujourd’hui douze millions d’abonnés et un chiffre d’affaires de deux milliards d’euros. D’autres anticipaient un pur coup de communication comme seul Xavier Niel en a le secret. En 2015, il avait déjà entretenu un buzz autour d’une annonce surprise, qui avait même entrainé des mouvements boursiers inhabituels. Pour finalement dévoiler un update de sa box d’entrée de gamme. Un progrès oui, une rupture sensationnelle non.

 

Free met fin au roaming de manière anticipée 

Après une semaine de suspens, le voile sur la mystérieuse nouveauté annoncée par le patron d’Iliade à ses analystes est levé. Les abonnés au forfait mobile à 19,99 euros (15,99 euros pour les clients Freebox) pourront communiquer depuis trente-cinq pays sans frais supplémentaire. Appels, SMS, MMS, et Internet seront désormais illimités, et ce toute l’année. Fin de l’euphorie. Ce que Free propose, tous les opérateurs mobiles devront de toute façon le faire. La fin des frais d’itinérance a en effet été votée par le Parlement européen en décembre 2016 et devra être obligatoirement appliquée à partir de juin 2017. Mais si à première vue l’annonce fait état d’anecdote, elle pourrait pourtant s’annoncer déterminante pour Free. La question du timing pourra se révéler primordiale pour les opérateurs au niveau stratégique. Elle implique en effet des questions de coûts mais également de parts de marché.

 

Une stratégie payante ?

La question de la fin du roaming en Europe était une question délicate pour les États car elle implique, au-delà de celle de l’efficacité du marché unique, des enjeux financiers forts pour les opérateurs télécoms. Elle engendre un manque à gagner pour ces derniers qui va devoir être comblé d’une manière ou d’une autre. Augmentation du prix des forfaits, diversification des services, … Toutes les stratégies doivent être envisagées. Orange propose par exemple déjà des assurances en cas de perte de portable à l’étranger pour le remplacer en moins de vingt-quatre heures. Xavier Niel a quant à lui décidé de rester fidèle à lui-même en préférant risquer des pertes financières immédiates au profit d’un gain de parts de marché, et ce, même en dehors de l’Europe ! En effet, la nouvelle offre abolit aussi les frais de roaming pour les utilisateurs qui décideraient de se rendre aux États-Unis, au Canada, en Israël, en Australie, en Afrique du Sud ou encore en Nouvelle-Zélande. Ses concurrents ont maintenant jusqu’au 17 juin pour réfléchir à une contre-attaque digne de ce nom. SFR lui a déjà emboité le pas en gonflant le volume de data de son forfait Red Europe et en s’ouvrant à l’Amérique du Nord. Mais contrairement à Free, l’offre est limitée dans le temps. Les consommateurs ont jusqu’au 6 juin pour y souscrire.

 

Marion Robert

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