Microsoft Ventures, fonds d’investissement du géant de Redmond, se lance dans le capital-risque au profit des startup actives dans le domaine de l’intelligence artificielle. Cette nouvelle entité est dédiée exclusivement aux jeunes entreprises désireuses d’affecter de manière positive la société civile par le biais de cette technologie.

En septembre les Gafim (Google, Amazon, Facebook, IBM, Microsoft) ont lancé le Partnership on AI to benefit people and society - organisation à but non lucratif – afin de sensibiliser l’opinion publique sur les opportunités des technologies d’intelligence artificielle. Quelques mois plus tard c’est Microsoft qui s’est lancée en solitaire dans cette course à l’intelligence artificielle. Comme toute innovation, l’IA intrigue et peu susciter la méfiance. L’occasion d’en proclamer l’éthique était rêvée pour ces géants.

 

Les prémices du Partnership on AI

 

L’intelligence artificielle est déjà présente dans nos vies sous diverses formes. De la reconnaissance vocale aux objets connectés, les données nous entourent et les robots s’en délectent. Or, laisser de l’autonomie à des machines capables d’apprendre peut très vite conduire à une atteinte à la morale. En mars dernier, c’est le robot Tay, lancé par Microsoft, qui avait accru sa capacité à s’exprimer sur Twitter en interagissant avec les utilisateurs. La dérive ne s’est pas fait attendre, Tay est devenu misogyne et raciste. Si l’on songe aux robots tueurs, tel que Northrop Grumman Andros, dépourvu d’IA mais utilisé par la police de Dallas en juillet pour neutraliser Micah Jonhson qui avait abattu cinq policiers, des bavures d’envergure sont à craindre. Cette peur, les entreprises innovantes la ressentent, à l’image de Google qui a conçu un bouton rouge d’urgence de désactivation des intelligences artificielles.  Alors les Gafim ont fait jouer leur poids signant tous les cinq le partenariat sur l’IA afin de prôner une éthique d’usage de cette technologie à double tranchant. La ratification a donné naissance à une association, mais un aspect commercial apparait en filigrane de cette avancée, en surface non lucrative. Il est essentiel pour ces mastodontes de rassurer les potentiels acheteurs de leurs innovations humanoïdes et parfois bienpensantes. Pour ce faire, les signataires se sont engagés dans une recherche sur l’IA transparente, fondée sur le dialogue et devant bénéficier au plus grand nombre. Comme un symbole, ils s’opposent à une utilisation de cette technologie de pointe « contraire aux conventions internationales sur les droits de l'homme ». En cette fin d’année, c’est Microsoft qui s’est seule aventurée dans un projet, lucratif certes, mais éthique.

 

L’échappée solitaire de Microsoft

 

Microsoft, par le biais de son fonds Ventures, a créé une entité de capital risque au profit des startup utilisant l’intelligence artificielle pour améliorer certains pans de la société : accès à l’éducation, apprentissage, création d’emploi, recherche médicale … Selon Nagraj Kashyap, vice-président de Microsoft Ventures : « L’IA doit être conçue pour assister l’humanité, être transparente, maximiser l’efficacité sans détruire la dignité humaine, protéger intelligemment la vie privée et assurer la responsabilité de l’imprévu, et se garder des préjugés. Ce sont ces principes qui guideront l’évolution de ce fonds. » L’incubateur montréalais Element AI a eu la primeur de recevoir le premier investissement du nouveau fonds. Co-fondée par Yoshua Bengio, un des pionniers du deep learning (apprentissage autonome des robots), cette « usine à startup » est composée de chercheurs universitaires ayant des liens solides avec les principaux laboratoires de R & D d’Amérique du Nord. Son activité consiste à accompagner les jeunes entreprises souhaitant adopter une stratégie fondée sur l’intelligence artificielle. Le fonds de capital risque a en réalité déjà soutenu depuis mai une vingtaine de startup (i3 Equity Partners, Zipwhip, Paxata, xAd, Dynamic Signal, Tact, etc.). Microsoft a indiqué qu’il n’investira que dans les entreprises promettant de solides rendements financiers.

 

 

Paul Demay

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