Nicolas Mohr est depuis 2011 directeur général du Médiateur des entreprises, placé auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance.  Il revient pour Décideurs sur le bilan de son activité et présente les actions mises en place pour accompagner les acteurs économiques pendant la crise du Covid-19.

Décideurs. Pouvez-vous nous présenter le service de médiation des entreprises ?

Nicolas Mohr. Ce service est né au lendemain de la crise économique de 2008. Il est issu du rapprochement entre les services de la médiation des relations inter-entreprises et les services de la médiation des marchés publics. Son but est de renforcer la confiance des acteurs économiques (privés et publics) entre eux en leur permettant, grâce à la médiation, de trouver une solution à leurs différends. Par ailleurs, le Médiateur des entreprises permet, avec des outils opérationnels (chartes, labels…), aux entreprises et aux acteurs publics d’améliorer leurs pratiques ou d’accéder à des dispositifs visant à leur faciliter la vie au quotidien.

Quels types d’entreprises font appel à vous ?  

Les demandes qui sont adressées à notre service proviennent majoritairement des petites structures. Pour vous donner une idée, en 2019, 56 % d’entre elles ont été faites par des TPE et 36 % par des PME. Et la crise du Covid-19 a renforcé cette tendance puisqu’au premier semestre 2020, ce ne sont pas moins de 67 % de TPE et de 27 % de PME qui nous ont saisis. Et le volume de ces demandes est plutôt corrélé à celui de l’activité économique des régions.

Qu’est-ce qui explique que vous soyez autant saisi par les TPE/PME ?

Il peut exister un déséquilibre dans les relations entre les fournisseurs, lorsque ce sont des petites entreprises, et les grands groupes. Notre intervention leur permet de trouver des solutions amiables lorsque des différends s’expriment.

Vous avez connu un surcroît d’activité pendant le confinement. Pour quelles problématiques les entreprises vous ont-elles le plus sollicité ?

Au plus fort de la crise, notre activité a effectivement été multipliée par dix. Nous avons d’ailleurs été saisis et sollicités plus de 5 000 fois entre le 16 mars et 16 juin 2020 !

"Nous ne laissons aucune entreprise sans réponse, et intervenons toujours à titre gratuit et confidentiel"

Toutes ces saisines émanaient des secteurs les plus touchés par les conséquences du confinement : l’hôtellerie-restauration dans 15,5 % des cas, le commerce pour 14,2 % et le secteur BTP-Construction pour 9,4 %. Les problématiques concernaient pour moitié des cessations ou retards de paiement, ensuite des pratiques déloyales et, en dernier lieu, des pénalités de retard.

Comment accompagnez-vous les acteurs économiques dans cette période de crise sanitaire qui a fait naître de nombreux contentieux ?

À côté des médiations, nous avons également un service d’orientation sur les questions liées aux tensions ou aux différends qui ne relèvent pas du Médiateur. C’est une compétence que nous avons développée dans le cadre de la crise. Nous ne laissons aucune entreprise sans réponse, et intervenons toujours à titre gratuit et confidentiel.

Pensez-vous que des secteurs en particulier sont à surveiller ?

Oui, je pense par exemple à celui de l’immobilier d’entreprise, que nous accompagnons dans le cadre d’un dispositif ad hoc mis en place pour compléter la charte signée au printemps 2020 entre les principales fédérations de bailleurs et les locataires commerciaux.

Une autre filière nous mobilise également en ces temps difficiles : celle de l’industrie aéronautique et spatiale qui a d’ailleurs accueilli la nomination d’un nouveau médiateur de filière le 1er octobre 2020 commun au Gifas et à la médiation des entreprises, Philippe Berna. Cette décision marque la volonté du secteur de s’engager davantage dans un dialogue constructif entre partenaires dans cette période de crise.

Vous êtes directeur général de la médiation des entreprises depuis 2011. Quel bilan dressez-vous des actions menées par vos services ?

Le service de médiation a su démontrer son utilité auprès des acteurs économiques. Au départ consacré au secteur industriel privé, ce dispositif s’est ensuite ouvert à l’ensemble des secteurs économiques, aux marchés publics et à l’innovation. Depuis quelques années, nous développons également des compétences sur les différends qui opposent les entreprises à l’administration.

Parallèlement à notre activité de médiation, nous avons engagé des actions pour améliorer en amont les relations entre acteurs économiques, notamment dans le domaine des achats responsables. À ce titre, nous avons lancé avec le Conseil national des achats une charte "Relations fournisseurs responsables" qui compte aujourd’hui plus de 2 000 signataires. Autre dispositif mis en place, le label "Relation fournisseurs et achats responsables" qui permet, au-delà de la charte, de mesurer la qualité de la relation entre les donneurs d’ordres et les fournisseurs. Il regroupe une cinquantaine de labélisés, notamment des grandes entreprises et administrations, qui représentent au total plus de 100 milliards d’euros d’achats en France.

Nous menons enfin de nombreuses actions de communication et de pédagogie. Ainsi, face à la crise du Covid-19, afin de valoriser les comportements solidaires, nous avons lancé sur les réseaux sociaux la campagne #défi entreprises solidaires qui a mobilisé plus de 70 partenaires, 160 exemples concrets et 6,5 millions de vues.

Propos recueillis par Yannick Tayoro

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